la raison a parfois des raisons que la raison ignore !

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je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça

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9h00 ce matin, ou un peu plus ; je bois mon café ; la maison est silencieuse ; enfin pas tout à fait puisque la radio bruit ; les enfants sont partis, ma femme aussi ; c’est calme, la radio m’accompagne ; une femme, rachida, est essoufflée, elle s’excuse, est désolée ; l’animatrice la rassure ; ces gens sont donc réels ; j’imagine rachida paniquée dans un taxi, apostrophant le chauffeur, hurlant qu’elle ne peut se permettre d’arriver en retard, qu’elle a rendez-vous à la radio, que c’est important pour sa carrière ce passage en radio… sa voix est apaisée désormais, je perçoit son sourire ; vous savez ce que c’est, paris-le-matin, ses embouteillages… non, je ne sais pas, rachida, mais je suis content d'apprendre que vous êtes faites de colères & de joies ; vos essoufflements ont apporté un peu de vigueur à mon réveil, votre voix s’est densifiée jusqu’à devenir corps ; je vous écoute parler de votre enfance, vous parlez de ce nom, de ce prénom, de cette peau qui vous stigmatisent ; vous prétendez ne pas être une beurette, je suis française, ne pas être magrébine, on dirait une maladie, mais arabe, même si ce mot dérange ; vous ne m’avez pourtant pas l’air si sûre de vous ; je vous comprends ; j’ai été arabe aussi, avant, enfin italien, enfin fils d’italien, né en France, mais italien ; par la seule grâce de ce nom ; mais c’est de quelle origine ce nom, tu es de quelle nationalité ? mon père est italien, mais moi je suis français, ma mère est française, je suis né en France ; mais ton père est italien ; oui ; seul mon nom me trahissait ; je vous comprends ; j’avais oublié ; vous m’avez aidé à oublier, les gens comme vous ou encore plus foncés ; on le trouve joli mon nom maintenant ; hier, j’ai croisé une de mes enseignantes, 78 ans ; emanuele ? oui ; crialese ? oui ; tu te rappelles de moi ? oui ; ta maîtresse de ce2 ! oui ; je vous avais reconnue ; je n’avais pas forcément envie de vous parler ; vous avez décidé pour moi ; tu revois ton père ? non ; toujours ce père, toujours ce nom ; je suis moi, ça ne suffit pas ? non ; rachida a raison, on est obligé de porter son père ; être arabe, c’est comme ça ; merci rachida ; je me demande quel sera votre arabe à vous ; il y en aura un , forcément, comme pour moi ; vous  n’avez pas parlé de votre père ; le mien est parti ; peut-être ; en italie ; il n’est plus dans l’annuaire ; ma femme porte son nom ; mon fils aussi ; & ma fille ; ils ne se sentiront jamais italiens ; je ne le pense pas ; il ne les verra jamais ; ils ne le verront pas non plus ; ils connaissent son prénom & portent son nom ; ça leur suffira peut-être ; pour ma femme en tout cas ; après tout, je n’ai vu mon grand-père que très peu de fois ; c’était en italie ; une fois, pour qu’on s’en souvienne, ça suffit ; on verra ; & lui ; il sait que mon fils est né ; je le lui ai écrit ; pour lui dire que j’étais devenu père à mon tour ; pas pour ma fille ; c’était inutile ; je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça ; c’est à cause de rachida, de ses doutes qu’elle feint d’ignorer ; c’est plus facile de les écrire ; je crois ; son souffle court m’a touché ; je l’ai écoutée ; nos vies se sont rapprochées, un peu ; elle ne le sait pas ; peu importe ; merci rachida

exercice de style, librement inspiré par angeline & rachida khalil

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Comments

[suce bite]

J'ai pas l'habitude de lécher des culs mais là, force est de constater que ton texte est plutôt pas mal...
Je souffre aussi de discrimination, moins maintenant, dû à mon patronyme à consonnance guatemaltèque...
Je me suis reconnu dans tout ça...